vendredi 30 novembre 2012

Albrecht Dürer's wildlife

Primevères.

Certaines estampes japonaises rappellent un peu les plantes et les animaux d'Albrecht Dürer (1471-1528):

Iris bleus.

aquarelles de fleurs,

Pin.

d'arbres,

Cigogne.

ou dessins d'oiseaux, de crustacés,

Homard.

de lièvres, avec ce même souci du raffinement et du détail...

Lièvre.

Images Wikipaintings; découvrez de nombreuses autres œuvres d'Albrecht Dürer ici:
http://www.wikipaintings.org/en/albrecht-durer/hare-1528-1

Je vous recommande également l'exposition "Dürer et son temps" à l'Ecole des Beaux Arts:
http://www.ensba.fr/expositions/DurerEtSonTemps/

jeudi 29 novembre 2012

Idées Japon 2012

Vaisselle bleue Sucre Glace.

Nouvelle édition du salon Idées Japon cette semaine: chaque année, au mois de novembre, cet évènement est l'occasion de retrouver des créateurs japonais, des passionnés ainsi que des boutiques présentes en France seulement pour l'occasion!

Fleurs et grenouille en soie par Setsuko Yamashita.

De nombreuses animations sont également proposées au sous-sol: projections de films, conférences, ateliers ou même concerts, à chaque journée son programme...

Chrysanthème de Setsuko Yamashita et roses Hikosaburo Oda (Bisou Japon).

Informations en détails ici:

mardi 27 novembre 2012

Le Thé - Histoires d'une boisson millénaire




Boisson la plus bue au monde après l'eau, le thé est originaire de Chine, où selon la légende, ses vertus sont appréciées depuis des milliers d'années. L'arbuste dont il est issu, le théier, est un cousin du camélia horticole qui au printemps, se couvre d'une multitude de petites fleurs blanches au cœur jaune vif. (...) La cueillette des feuilles tendres a lieu dans les jardins enveloppés de brume à l'époque de la fête de Pure Clarté. Il existe six grandes sortes de thé, qui correspondent non pas à des variétés mais à des types de traitement spécifiques:
  • le thé blanc: nouveaux bourgeons séchés.
  • le thé jaune: bourgeons et feuilles légèrement oxydées à l'étouffée.
  • le thé vert: feuilles entières, légèrement grillées.
  • le thé bleu-vert (Oolong): oxydé et fermenté;
  • le thé noir (Pu'er): double oxydation;
  • le thé rouge (Lapsang-Souchong): complètement oxydé et fumé.
L'exposition du Musée Guimet, en partenariat avec Le Palais des Thés ®, propose tout d'abord de redécouvrir les parfums et les saveurs des différents thés à l'aide de plusieurs ateliers de dégustation ouverts aux adultes comme aux enfants. Cette introduction à la fois olfactive et gustative est aussi l'occasion d'un agréable rappel sur les lieux et étapes de la fabrication, de la récolte des petites feuilles jusqu'à l'éveil de nos sens. Cette première partie, ludique et parfumée, s'organise autour d'échantillons variés, aux couleurs et aux noms très poétiques tels "Menthe glacée" ou "Thé des Sherpas", une tasse d'un thé aux notes subtiles de bleuet, fleurs de cerisier et yuzu -créé pour l'occasion en hommage à Émile Guimet- ponctuant l'ensemble.

Puis on entre brutalement dans l'univers massif et étrange d'Ai Weiwei, artiste conceptuel chinois affrontant courageusement la censure de son pays, en tombant sur sa Tonne de Thé, figurant la boisson en tant que produit industriel actuellement universel. Cependant, on découvre ensuite un petit film aux sons et aux images autant esthétiques que délicats, qui présente une dégustation des plus précieux thés par Maître Tseng Yu Hui, court-métrage dont on ne regrette que les quelques lourdeurs visuelles reprenant ses évocations semblables à des haïkus.
Vient alors l'exposition proprement dite, regroupant une sélection d'objets d'art classés selon les trois modes de préparation historiques, le thé ayant d'abord été bu bouilli, puis battu, et enfin infusé.
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L’ÈRE DU THÉ BOUILLI
La recette consiste à broyer les feuilles et à les faire bouillir dans une marmite en y ajoutant des herbes voire même du beurre ou du lait. Cette "potion magique" est ensuite servie dans des bols à la louche (tiens, ça ne vous rappelle rien?).
Au 7ème siècle après J-C, sous la dynastie Tang (618-907), le thé, favorisant l'éveil spirituel, est la boisson des moines bouddhistes, tandis que le vin, pouvant être source d'ivresse, est encore vénéré par les lettrés. Au siècle suivant, Lu Yu, avec son approche poétique, contribue à faire du thé un art noble.
Dès lors, la production de céramique se développe rapidement, les Chinois fabriquant des objets en grès plutôt austères et dépouillés.
Puis, conditionné en galettes compactes, il devient une précieuse monnaie d'échange à l'origine de l'Ancienne Route du Thé et des Chevaux reliant le Yunnan et le Sichuan au Tibet, au Qinghai et à la Mongolie, seules régions où le thé est encore bouilli de nos jours.

L’ÈRE DU THÉ BATTU
Cette technique implique l'utilisation de nouveaux ustensiles: un fouet, un bol en grès, en céladon puis en porcelaine, un récipient cylindrique pour l'eau froide mais aussi nombreux petits accessoires comme la louche et la cuiller en bambou permettant le dosage, la boîte à thé (natsume) et son étui de soie ou encore le petit tissu (fukusa) utilisé pour tout essuyer, également en soie. Il s'agit de réduire les feuilles de thé vert en fine poudre (matcha) et de mélanger celle-ci dans le bol avec de l'eau bouillante. Cette émulsion mousseuse constitue un breuvage tonique et stimulant. Un léger repas est parfois servi à cette occasion dans de petits plateaux de grès asymétriques du type Oribe.
Patronné par la cour des Song (960-1279), l'usage du thé se répand dans toute la Chine, encourageant la fabrication de céramique, puis de porcelaine de toutes sortes à la suite de la découverte de gisements de kaolin vers l'an 1000.
Les premiers théiers sont acclimatés au Japon aux 12ème-13ème siècles. Les moines bouddhistes, notamment ceux de la secte Rinzai contribuent à répandre la pratique du thé. A Kyoto, dans le temple Daïtoku, fondé en 1319, se développe l'art de la cérémonie du thé (chanoyu), extrêmement codifié. Le célèbre maître Sen no Rikyu (1522-1591), adepte du wabi-sabi, ou "simplicité mélancolique", sera à l'origine des fameux bols raku aux formes irrégulières (renflements, craquelures, imperfections...), à l'usure du temps simulée et à la teinte souvent très sombre (temmoku), faisant ainsi ressortir la blanche écume obtenue à l'aide du fouet.
Alors que les Chinois apprécient leur thé à l'extérieur et en pleine nature, les Japonais préfèrent le savourer et le partager avec des invités dans un lieu prévu à cet effet: le pavillon de thé. Cette construction d'aspect aussi humble que raffinée, située dans un jardin, permet d'isoler l'instant de la dégustation dans l'espace et le temps, invitant encore aujourd'hui à considérer, comme Rikyu, le caractère unique de chaque rencontre, qui jamais plus ne se reproduira.

L’ÈRE DU THÉ INFUSE
La méthode est la suivante: les feuilles sont cueillies, séchées, grillées, et il suffit ensuite de les faire infuser dans de l'eau bouillante. Plus nécessaire d'être équipé de matériel élaboré: une théière en grès ou en porcelaine et quelques bols suffisent.
La théière ayant été inventée au début des Ming (1368-1644), c'est l'Empereur Hongwu qui fut à l'origine du développement de cette préparation, en promulguant en 1391 un décret qui imposait un retour à la simplicité. Les lettrés chinois prennent alors goût à se retirer dans la nature pour méditer sur la fragilité et l'impermanence du monde.
A partir du 17ème siècle en revanche, sous les Qing (1644-1911), le style mandchou puis les inspirations occidentales sont à l'origine d'ustensiles richement décorés: grès, porcelaines, puis émaux réalisés pour les Empereurs Kangxi (1662-1722) et Yongzheng (1723-1735), émerveillés par ceux de France effectués sur cuivre. C'est d'ailleurs l'un de ces sublimes bols impériaux qui orne l'affiche de l'exposition.
Parallèlement, la vaisselle monochrome, orange, rouge, bleue, violette ou brune est également très appréciée, la couleur unique mettant en valeur les formes des récipients.
Tout comme la soie, le thé, un des trésors de la Chine, sera exporté par voie terrestre ou maritime. La première cargaison arrive en Occident en 1606. Peu à peu, la boisson entre d'abord ans les maisons princières, tout comme les modèles de céramiques réalisés spécialement pour l'Europe. Ce n'est qu'au milieu du 18ème siècle que les manufactures de Hollande, de France et d'Allemagne commenceront à produire leurs propres nécessaires à thé, les tasses à anses remplaçant les bols. En 1848, l'Angleterre parvient à trouver le secret de la fabrication du précieux liquide grâce au botaniste Robert Fortune; elle fait aussitôt installer des plantations en Inde, sur les contreforts de l'Himalaya (Darjeeling), concurrençant bientôt le thé chinois...
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Au-delà d'une simple boisson, le thé est une véritable philosophie de vie inspirée du confucianisme et du bouddhisme Zen. Permettant de vivre pleinement l'instant présent, il s'associe toujours à la notion de partage, qu'on le boive en communion avec la nature ou entre amis. Harmonie, respect, pureté et sérénité, voilà les principes fondamentaux de la Voie du Thé, suggérant de se rapprocher autant qu'on peut d'un idéal de sagesse vivante au fil de sa pratique...

Implacable et sensible, féminine et puissante, traditionnelle, intemporelle et moderne, asiatique et européenne, étrangère mais pas déracinée, universelle et inimitable, structurée, perfectionniste et créative, indépendante et respectueuse des usages, artiste mais pas torturée, sereine, énigmatique mais sans affectation, naturelle, elle s'évade inexorablement des descriptions réductrices.
Maître Tseng Yu Hui est à la fois mystérieuse et limpide.
(...)
Maître Tseng est une référence incontournable, mais insaisissable...
Extraits du "Portrait d'un maître de thé", par Tran Anh Hung.
Note: les passages en italiques sont des citations du texte de l'exposition.

Informations concernant la visite ici:

lundi 26 novembre 2012

Katsushika Hokusai au Musée Guimet

La grande vague de Kanagawa. Affiche de l'exposition du Musée Guimet.

Hokusai (1760-1849) est peut-être l'artiste japonais le plus célèbre au monde, enfin surtout en Occident; car au Japon, Hiroshige est plus connu que lui!

Vague masculine (Yang).

Né à Edo, Hokusai est adopté par une famille d'artisans fabriquant des miroirs pour la cour du shogun. Enfant, il manifeste beaucoup d'intérêt pour le dessin et la peinture.

Vague féminine (Yin).

Après quelques temps passés dans un atelier de xylographie, il travaille pour Katsukawa Shunsho, un maître de l'ukiyo-e spécialisé dans le portrait d'acteurs (yakusha-e).

Grande vague aux oiseaux.

Par la suite, alors qu'il analyse les techniques de nombreuses écoles japonaises malgré sa grande pauvreté, il fait la connaissance de Shiba Kokan, un peintre en contact avec les rares Européens autorisés à amarrer à Nagasaki, qui lui montre sans doute les principes de la perspective.

La même, en couleurs.

Réintégrant une école classique (des Tawaraya suivant la tradition Rimpa), il illustre des recueils de poèmes très appréciés.

Umegawa dans la province de Sagami.

Quelques années plus tard, à Nagoya, celui qui se surnomme désormais "le fou de dessin" (Gakyodjin) rencontre Bokusen, un autre artiste qui lui conseille de publier tous ses croquis.

Grues cendrées.

Hokusai suit sa recommandation et fait paraître l'ensemble de ses esquisses en douze volumes sous le nom de "Manga", qui signifie alors quelque chose comme "carnets de croquis". C'est à la suite de cet ouvrage que naîtra peu à peu la bande dessinée, qui utilisera ces petits dessins simples et expressifs en les organisant selon une histoire (puis en y ajoutant des bulles contenant les paroles des personnages), au Japon, en Suisse, comme en Belgique...

La plage de Shichiri dans la province de Sagami.

Hormis ses influences occidentales, ce qui frappe chez Hokusai, et qui a sans doute largement contribué à son succès, notamment en Europe, c'est son énergie:

Femmes sur le chemin du retour après la récolte de thé au crépuscule.

car même si elle n'est pas présente dans toutes ses œuvres, elle est ce qui ressort le plus de sa personnalité.

Coup de vent dans les rizières d'Ejiri dans la province de Suruga.

Pour les estampes de la série "36 Vues du Mont Fuji", ses plus mémorables,

Le Fuji bleu.

Hokusai eut recours au bleu de Prusse, récemment introduit au Japon, avec un résultat parfois spectaculaire.

Le Fuji par temps clair.

De plus, il réussit tout particulièrement à fixer les nuances des différentes vues de la montagne,

Pluie d'orage sous le sommet.

donnant à chacune d'entres elles une singularité nouvelle.

Bec croisé sur un chardon.

Mais si Hokusai est admiré encore aujourd'hui pour ses paysages (fukei-ga), il contribua, avec Hiroshige, à faire de l'art des fleurs et des animaux (kacho-ga) un sujet à part entière:

Oiseaux sous un arc en ciel; moineau et serpent sur une tige de bambou.

orchidées,

Orchidées orange.

pavots,

Fleurs de pavot dans la brise.

ou même natures mortes de beaux objets,

Nature morte d'objets de cérémonie.

voilà des thèmes et des mises en scènes tout à fait nouveaux pour l'époque.

Cinq éventails.

Ironie du sort, en 1839, alors qu'Hokusai perd un certain nombre de ses dessins dans un incendie, Hiroshige, grand artiste mais aussi gardien du feu, rivalise désormais de talent avec lui!

Femme dans un intérieur.

Perfectionniste, Hokusai était toujours insatisfait de son travail, songeant chaque fois, avec sagesse et humour, à faire mieux qu'avant, et ce durant toute sa longue vie...

Images Wikipaintings, découvrez de nombreuses autres estampes ici:

Utagawa Hiroshige, l'art du voyage

Affiche de l'exposition proposée par la Pinacothèque.

Alors que son œuvre a inspiré nombre d'Occidentaux, on ne sait pas grand chose d'Hiroshige (1797-1858), sinon qu'il est né à Edo (actuelle Tokyo), qu'il eut des responsabilités assez tôt auprès du palais du shogun Tokugawa après le décès de ses parents et que son rôle de gardien du feu lui laissait beaucoup de temps pour dessiner et voyager.

Verger de pruniers au crépuscule.

C'est dans ce contexte qu'il entra à l'école Utagawa, tout d'abord en temps qu'élève. Lorsque son maître Toyohiro meurt, Hiroshige devenu très doué reprend alors la direction de l'atelier.

Le temple Benzaiten Shrine et l'étang d'Inokashira sous la neige.

Hokusai l'ayant quelque peu devancé sur la voie du succès grâce à ses "Vues célèbres", Hiroshige, qui avait déjà travaillé perspective et paysage, va s'y consacrer pleinement, donnant lieu à quelques milliers d'estampes organisées en plusieurs séries, dont les plus connues sont "Les 53 Stations du Tokaido" et les "Cent Vues d'Edo".

Le pont Taiko et la colline Yushi à Meguro.

Ces planches se caractérisent notamment par leur aspect relativement doux et paisible comparé à celles d'Hokusai, ainsi que par leurs associations lumineuses de superbes couleurs,

Le temple Kinryuzan à Azakusa.

Hiroshige se plaisant à fixer humblement l'atmosphère des lieux qu'il traversait au fur et à mesure de ses déplacements,

Moriyama.

tel un poète contemplatif.

Yoshida.

Sachant aussi bien saisir l'immensité d'une ville que le quotidien plus intime de ses habitants, il recevait parfois des commandes spécifiques pour illustrer des légendes ou des haïkus:

Chushingura, acte 4.

il reprenait dans ce cas les thèmes traditionnels des jolies femmes (bijin-ga) ou du théâtre kabuki (yakusha-e) mais avec une mise en scène précise, qui rendait compte des détails et des volumes comme chez aucun de ses prédécesseurs.

Cerisier en fleurs au-dessus de la Sumida.

Dans ses paysages, il créait souvent une profondeur étonnante à l'aide d'un premier plan extrêmement proche matérialisé par un arbre, une maison ou tout autre objet imposant, et d'un arrière plan très lointain, avec souvent, le Fuji à l'horizon.

Le pont de Yatsumi.

Cet effet nous donne ainsi l'impression de rentrer dans les lieux représentés, qui semblent devenir, l'espace d'un instant, la réalité pour nos sens.

Paysage de Naruto dans la province d'Awa.

Hiroshige avait également une grande capacité à saisir le moment présent, aussi fugace soit-il,

Averse soudaine sur le pont Ohashi à Atake.

ce qui contribuait tout autant à rendre ces estampes si vivantes.

Vue du Mont Fuji chez Satta dans la baie de Suruga.

Composantes principales de la géographie japonaise, la montagne et la mer l'inspirent,

Les tourbillons de Naruto dans la province d'Awa.

et si ses vagues sont un peu moins connues que celles d'Hokusai, elles n'en demeurent pas moins expressives.

Lune au-dessus d'une cascade.

Tandis que ses condisciples représentent souvent les esprits des lieux ou des songes par des monstres ou des chimères typiquement nippons, Hiroshige préfère subtilement les laisser transparaître à travers des scènes au décor et aux protagonistes tout ce qu'il y a de plus réaliste, jouant seulement sur l'éclairage.

Renards de feu dans la nuit du Nouvel An sous l'arbre Enoki près d'oji.

Enfin, Hiroshige contribua, avec Hokusai, à élever le paysage (fukei-ga) mais aussi les fleurs et animaux (kacho-ga) au même rang que les autres thèmes de l'ukiyo-e:

Lune, hirondelles et fleurs de pêcher.

petites fleurs, oiseaux,

Couple de canards mandarins.

poissons,

Carpe koï.

ou même crustacés, voilà toute la faune et la flore du quotidien minutieusement observées au fil des saisons, des récoltes et de la pêche,

Écrevisse et crevettes.

laissant deviner le goût d'Hiroshige pour les repas des auberges puisque c'était, paraît-il, un bon vivant...

Images Wikipaintings, découvrez de nombreuses autres estampes ici: